Jérémy Noirat est membre du Comité de carrosserie suisse Neuchâtel JU BE fr. Jeune propriétaire de la carrosserie Magic, il fait partie de la nouvelle génération des carrossiers de l’Arc jurassien. Il a du caractère, mais surtout, un cœur gros comme ça. Sa rencontre avec Gabriel Odiet a été déterminante pour sa carrière et pour sa vie. Confessions d’un type… un type vraiment bien !
En quelques mot, Jérémy, qui es-tu ?
J’ai 38 ans. J’ai grandi à Porrentruy, dans le Jura. Je suis l’heureux papa de deux enfants, tout aussi turbulents que moi. Je suis passionné de voitures télécommandées. La voiture, c’est ma passion ! J’aime travailler de mes mains. Cela m’a conduit naturellement au job de carrossier. Le bonheur c’est d’avoir comme métier sa passion. Je suis donc un homme heureux.
Quel est ton parcours professionnel ?
J’ai commencé en 2002 comme apprenti-tôlier à la Carrosserie Magic pendant 4 ans. J’ai complété ma formation par celle de carrossier-peintre, encore à la Carrosserie Magic. Mon patron, Gabriel Odiet, m’a encouragé à « aller voir ailleurs », pour acquérir de l’expérience. Je suis ensuite revenu chez Magic où j’étais collaborateur jusqu’au décès subit de mon patron en 2020. On m’a proposé de reprendre le flambeau, je n’ai pas hésité longtemps. Quelle aventure !
Quels souvenirs retiens-tu de ton apprentissage ?
J’avais du caractère. Mais j’appréciais endosser des responsabilités et répondre aux attentes du client. Travailler la tôle, la peindre, ça me « bottait ». Le contact avec des adultes m’a aussi beaucoup appris. L’ambiance de travail, c’était déjà important pour moi! Je voulais dire les choses aux autres et je voulais aussi qu’on me les dise ! Lors de mes cours au Locle, je n’étais pas le plus facile des apprentis. Mes enseignants s’en souviennent encore et aiment le rappeler. Je suis persuadé qu’il faut que jeunesse se fasse.
Parle-nous de ta carrosserie !
Elle est MAGIC (rires). Notre entreprise compte 11 collaborateurs (4 peintres, 3 tôliers, 1 apprenti, 1 pré-apprenti, une secrétaire et moi). Nous avons fêté les 30 ans de la carrosserie, cette année. En plus des travaux traditionnels de carrosserie, nous adaptons des véhicules pour les personnes à mobilité réduite, une activité développée par mon feu-patron.
Former des apprentis, c’est important pour toi ?
Oui ! C’est une manière de rendre ce que j’ai reçu. Nous essayons de toujours former deux apprentis : 1 tôlier et 1 peintre. En ce moment, nous avons 1 apprenti peintre et 1 pré-apprenti peintre. Nous allons certainement engager un apprenti tôlier pour août 2026. Dans le domaine de la formation professionnelle, mon challenge est de conjuguer sociabilité en groupe avec performance au travail. Objectif : rendre l’apprenti le plus autonome possible. A mon avis, plus l’apprenti est autonome, plus il « prend son pied » et a du plaisir
Revenons au jubilé de ta carrosserie. Partage-nous tes impressions !
Ce fut une journée haute en couleurs ! Plus de 70 participants…. Dire qu’elle a déjà 30 ans ma carrosserie. J’y ai travaillé pendant 24 années. Je la connais donc plutôt bien. Je suis fier d’avoir développé des affaires, donné du travail à des collaborateurs fiables et formé des apprentis. Etre mon propre chef a tenu à un coup du destin : le décès de Gabriel Odiet. Son épouse m’a accompagné dans la transmission d’entreprise. Connaître Gabriel et sa façon de faire face à son handicap m’ont forgé. J’en suis tant reconnaissant à Gaby.
Comment vois-tu l’avenir de la carrosserie ?
Je vais être positif ! J’espère que l’évolution du monde de l’automobile nous préservera et que nous pourrons encore effectuer des réparations sur les carrosseries des véhicules de nos clients. Le monde change et l’automobile, aussi… mais pas toujours dans le bon sens. J’attends énormément de carrosserie suisse par rapport à son influence sur les compagnies d’assurance. Nous devons faire notre job et être correctement payés. Je trouve dangereux que les compagnies d’assurances dictent le prix de l’heure des carrossiers. Autre phénomène à observer de près : il faut encourager la réparation plutôt que le remplacement systématique pièces. Tout le monde s’y retrouvera, en tout cas le client et le carrossier !
Une dernière confession, Jeremy !?
OUI ! J’ai la chance d’avoir un job depuis de nombreuses années dans la même entreprise. J’ai donc observé les changements par rapport à la voiture et par rapport au comportement des clients. Le carrossier est là pour réparer la voiture et la rendre son propriétaire dans l’état avant son sinistre. La reconnaissance du client par rapport à son véhicule réparé, c’est mon fuel ! Il me permet de rester motivé et de motiver toute l’équipe de la carrosserie MAGIC. Avec cette équipe, je veux continuer à AVANCER dans notre métier et à le pratiquer.
Interview : Charles Constantin, secrétaire carrosserie suisse Neuchâtel JU BE fr.